Sodome et Gomorrhe

Liberté de conscience dans mon quart d’heure de gloire

"Un âne" (Elizabeth Levy, RTL, 20 Novembre 2012)

AH! Cela faisait longtemps, mes très chers lecteurs, que je n’avais point parlé en roue libre de sujets de société, de politique, ou de tout ça en même temps. On m’avait glissé à l’oreille que j’en parlais beaucoup trop souvent. Alors depuis, j’en parle surtout sur Twitter, ce réseau social où l’activité principale relève de l’exercice de style: tenter d’être intelligent en 140 caractères. Certains y arrivent, et d’autres, comme Nadine Morano ou Frédéric Lefebvre (qui?) font la course à celui des deux qui sera sélectionné comme exemple-témoin au congrès mondial de la stupidité. De ce réseau social je tiens mon quart d’heure de gloire: un de mes tweets (pas le plus brillant, hélas) a été cité dans l’émission de Fogiel sur RTL le 20 Novembre, à propos de la dernière blague du type normal qu’on a collé à l’Elysée le 6 mai dernier.

Mais revenons au point de départ: Hollande (le président). Hollande est encore allé testé sa capacité à paraître lisse devant tout le monde, cette fois devant un public de choix: l’AMF, pas l’Autorité des Marchés Financiers, mais l’Association de Maires de France, présidée par le pimpant réactionnaire Jacques Pélissard, lequel avait fait part au gouvernement de « la préoccupation » des maires de France sur le projet de loi sur le mariage pour tous. Hollande, le type normal qui a décidé le 6 mai dernier qu’il serait d’accord en toute circonstance, et avec n’importe qui, a été d’accord. Il a donc sorti cette bonne blague de la « liberté de conscience » des pauvres maires pour qui cela poserait un cas de conscience de marier deux gouines ou deux pédés. Après tout, en d’autres temps, on refusait bien de marier les youpins sans que ça pose problème à Pie XII ou au Maréchal-nous-voilà, temps bénis où il suffisait de connaître deux mots d’Allemand pour coller un triangle rose sur la veste de son voisin inverti, et lui dire au revoir la larme à l’oeil le jour où un train l’emmènerait loin des enfants.

Je ne vais pas m’étaler sur cette brûlante question d’actualité, puisque le type normal, tout compte fait, préfère retirer cette énorme bourde. Mais sur le coup, je me suis pas mal énervé. Je veux dire: on se fout du monde! Sans oublier, bien sûr, qu’un maire homo ne pourrait pas refuser de marier des hétéros, pensez-vous, ça c’est normal. Et en terme de normal, vous le savez tous, notre président, il s’y connaît. Mais François a au moins accompli une prouesse: faire jouir Christine Boutin, qui a fait dégouliner son orgasme sur tout Twitter, même que c’était poisseux chez certains socialistes (gênés, sans doute, d’être applaudis par une conseillère du pape).

Christine Boutin, qui n’a toujours pas changé l’image de fond de son Twitter datant de ses illusions présidentielles, se caractérise comme opposante au « mariage gay », ce qui est un non sens, puisque le but n’est pas de créer un mariage tout spécialement pour les gouines et les pédés, mais d’ouvrir le mariage à tous, sauf aux chiens, aux chats et aux hamsters (cet ajout est principalement destiné à rassurer la future-ex-maire de Montauban, j’ai nommé la divine Brigitte Barèges), aux frères et soeurs, aux papas et enfants, et autres relations fantasmées par la pornographie et les milliers de c(h)réti(e)ns qui ont défilés ce Week End, ce qui se confond souvent. De ces derniers je parlerai plus tard, là c’est pas le sujet.

Parce que figurez-vous que j’ai été cité dans l’émission de Fogiel. Au début, je me suis senti sale. Je veux dire: c’est Fogiel, l’animateur putassier de l’émission ô combien passionnante « On ne peut pas plaire à tout le monde », puis de culture et d’intelligence (dans la limite des neurones disponibles), brillant chroniqueur littéraire (quant il s’agit de l’autobiographie Ghost-Writée de Drucker, ou autre chef d’oeuvre du genre), et j’en passe des meilleurs (langue de pute mondaine, analyste politique de bac à sable, psychologue de comptoir…). Au début. Car est arrivé ce moment miraculeux ou Elizabeth Levy a commencé à parler. Elizabeth Levy, c’est Zemmour version femina. Une de ces éditocrates réactionnaires qui invoquent avec beaucoup de larmes et de postillons (au point que des fois, on a du mal a distinguer les deux) la dangereuse dictature du « politiquement correct » (ce qui donne dans notre langage: respect de la personne humaine) pour se victimiser façon Le Pen (le tortionnaire borgne, sa fille, sa petite fille et à peu près toute sa famille), et ainsi squatter les plateaux télés en permanence, arguant d’une vision de la liberté d’expression plus proche de celle des néonazis américains que de celle des lumières (qui dit, je le rappelle, que notre liberté finit là ou commence celle des autres).

Elizabeth Levy, donc m’a traité d’âne. Et j’en tire une certaine gloire. J’ai même mis a jour la présentation de mes comptes Facebook, Twitter et même la courte introduction présente sur ce blog. Je me réjouis que cela vienne d’une experte en ânerie (notez que je me suis abstenu d’écrire « experte en âne », où l’on aurait compris bien autre chose, et cela n’est évidemment pas mon but). De la même façon que deux négatifs s’annulent (obscure loi mathématique dont j’ai oublié le détail), Elizabeth Levy me traitant d’âne est un point extrêmement positif. Sur un CV, ça ferait un malheur.

En espérant ne pas trop vous avoir ennuyé,

Sincères Condoléances,

Oskar Kermann Cyrus

Laissez un commentaire