La sortie de Born This Way, le 23 Mai dernier, aurait dû bouleverser le monde de la musique Pop. Victime d’un lynchage médiatique et de critiques malhonnêtes, le dernier disque de Lady Gaga n’est plus perçue que comme une énième bouse commerciale à entendre en boite ou dans un supermarché.
La Pop Culture relève la Tête
De ce constat affligeant m’est venu la nécessité d’écrire ma propre critique, ma propre vision de ce qui est pour moi une oeuvre pop majeure, probablement l’une des plus grandes depuis la mort d’Andy Warhol. Doté d’une grande culture, et surtout d’une très grande compréhension de la pop culture, Lady Gaga est à mon sens l’Artiste la plus représentative de ce mouvement artistique un peu éteint ces dernières années, soumis aux aléas d’un marché de l’art devenu une industrie plutôt qu’un véritable vivier de création. En effet, de Madonna à Jeff Koons, la Pop culture allait mal. D’un côté, une popstar en chute libre, enchaînant les albums distrayants mais sans véritable concept, se vautrant dans les modes musicales les plus perissables ; de l’autre, un pseudo-artiste ne faisant que prendre les créations de ses assistants pour ensuite les signer et les vendre des millions à des riches sans culture. Non, vraiment, seuls des artistes marginaux, souvent artistes de rue, pouvaient se targuer de représenter la Pop culture. De Bansky à la nouvelle vague d’art moderne Chinois, en passant par le Japonais Takeshi Kitano (cinéaste culte, il est vrai, mais plasticien un peu confidentiel), il n’y a eu que Tarantino pour nous rappeler que le Pop Art n’était pas mort.
Ce sommeil du Pop Art est peut-être la conséquence indirecte du déclin d’Andy Warhol. Car de la critique acerbe et ironique du système consumériste et capitaliste, l’artiste était devenu l’esclave involontaire de cette foire médiatique, n’étant plus maître ni du système, ni de sa propre image. De là est venu Madonna, Popstar talentueuse à ses débuts. Certes. Mais de toute son oeuvre, la critique du système est resté confiné aux pruderies habituelles, s’habituant à choquer avec une énergie jouissive les grenouilles de bénitiers de toute la planète… Avant de devenir elle-même une fervente religieuse, au point de flirter dernièrement avec une des organisations les plus nocives de la planète, je veux bien sûr parler de l’Opus Dei. Alors, oui, de critique du système ne reste que quelques créations audacieuses : le clip censuré d’American Life, de la même Madonna, quelques films de Tarantino, et puis… Non, rien que du marketing.
De là, on a vu Britney Spears être érigée en égérie pop sans qu’elle ai jamais écrit la moindre ligne de texte, sans qu’elle connaisse la moindre note de musique, et pire encore, sans qu’elle sache chanter. Icône superficielle manipulée par les majors, bien contentes d’avoir sous la main une poupée obéissante et, il faut l’avouer, un peu bête, la petite icône Disney est surtout un produit du puritanisme Americain. Britney la gentille fille sage du monde la musique, avec, quand il faut un peu d’argent, un petit côté pute (« Slave4you ») assassinant par ce biais quelques décennies de combat féministe (notamment mené par Patti Smith, Janis Joplin, Blondie et Madonna), et remettant la femme à sa place d’antan : un vagin sur patte, avec des bras pour faire la cuisine.
De là, chaque tube un peu electro devenait « la nouvelle sensation pop » pour des journalistes incultes et adeptes des formules faciles. La musique pop, en réalité, était devenue la poubelle des inclassables, et surtout des tubes sans musique, ces airs bien souvent simplistes composés en cinq secondes et balancés sur les ondes, accompagnés de paroles stupides pour appâter une nouvelle génération de gosses élevés à la télé-perfusion et drogués de publicité.
Alors évidemment, l’apparition un peu soudaine de Lady Gaga dans ce paysage a bouleversé ce petit monde trop tranquille. Bien sûr, ses premiers tubes étaient – même de son propre avis – pas de la première qualité (« Just Dance », notamment) mais l’album The Fame est sans doute le disque pop s’inscrivant le plus dans l’héritage d’Andy Warhol. Célébrité, Gloire, Amour, Argent, Sexe, les thématiques principales du Pop Art sont abordées avec une ironie décapante (bien souvent prise à tort pour une sincérité indécente), et un talent musical certain ; Lady Gaga est en effet auteure-compositrice-interprète, ce qui est malheureusement rare dans ce milieu ou même les plus grands font appel à des plumes de l’ombre pour briller sur les ondes.
C’est lors de la réédition de The Fame que le talent de Lady Gaga perce un peu la carapace du papier glacé. Avec The Fame Monster, elle accomplit l’oeuvre débutée avec son premier album. D’un côté la gloire, l’argent, la célébrité, de l’autre côté « le monstre-gloire, le monstre-argent, le monstre-amour… » Bref, l’envers du décor. Une musique plus sombre, des clips plus audacieux (l’excellent « Telephone » et le sublime « Alejandro »), Lady Gaga réveille la critique du système, abandonnée par la Pop Culture à la mort d’Andy Warhol.
Humiliation, rage et combat
La création artistique a souvent comme source la souffrance. Et ce n’est pas dire, à l’instar de Musset, que « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux« . A vrai dire je déteste cette phrase. Un artiste qui n’arrive pas à transcender sa souffrance, et qui se contente du journal pleurnichard de ses maux quotidiens, reste à jamais un artiste quelconque. Transcender la souffrance, c’est faire sien la célèbre maxime « Tout ce qui ne tue pas rend plus fort« , ou comme dit Marilyn Manson, « Tout ce qui ne tue pas laisse une cicatrice » (Leave A Scar). C’est faire de chaque plaie, non pas le spectacle bête de la souffrance, mais une source de lumière. Si l’on voulait l’expliquer, ce serait un peu comme ceci : chaque cicatrice du passé éclaire la force du présent. Le travail de l’Artiste est de transcender cette peur primaire, cette angoisse appelée souffrance, et d’en faire une arme contre la faiblesse de chacun à passer outre sa propre douleur.
Lady Gaga raconte ceci au fil de plusieurs interviews. Au journal Le Monde, elle déclare:
« Quand j’avais 16 ans, je priais beaucoup. A l’école, je ne correspondais pas aux critères esthétiques, les gens se moquaient de moi. J’étais une freak. Et je priais pour que Dieu me rende folle. Je lui disais: « Dear God, s’il te plait, torture moi comme tu as torturé Mick Jagger ; torture moi comme tu as torturé David Bowie ou Andy Warhol, et rends moi malade comme tu as rendu malade Judy Garland. » Je voulais comprendre cette relation profonde à la tristesse et au désespoir qu’avait ces artistes que j’admirais. »
L’humiliation à l’école, le traumatisme de l’exclusion est chez d’autres artistes bien présents. Chez Marilyn Manson, par exemple. Dans toute son oeuvre transparaît la rage d’être exclu par son propre pays, par son propre peuple. Cette rage de vaincre, c’est de montrer, dans une vengeance jouissive, que toutes ces plaies infligées sont une force infinie. La douleur devient moteur d’une création renouvelée sans cesse avec l’âge.
Alors avec Born This Way, c’est évidemment cette réconciliation qui est appelée. Le mal-être et le mal-vivre sont éjectés en un seul titre. Né comme ça, c’est certes la réponse à tout, mais c’est aussi la force de s’affirmer, non en tant que personne normale, c’est-à-dire bien souvent qui a fait beaucoup d’efforts pour rentrer dans un moule, mais en tant que « monstre », entité unique et subversive permettant de vivre tel qu’on l’entend.
Car le grand thème de Born This Way, c’est la liberté. Une liberté totale et sans condition, de la plus banale des libérations (les cheveux, sur « Hair »), au plus risqué des combats (Le droit à l’immigration, sur « Americano »). Féminisme (« Scheiße »), égalité des droits (« Born This Way »), droit à l’immigration, les combats de Lady Gaga sont menés avec sincérité, talent, et surtout sans cliché.
Révolution musicale
Si beaucoup de gens sont frileux à prononcer ce mot, c’est bien souvent parce qu’ils ne savent plus écouter la musique. Faisons un point, d’abord, des critiques qu’a reçu cet album.
Pour commencer, le constat suivant: 90% des critiques réussissent l’inimaginable prouesse de ne pas parler du contenu du disque. Il y a dans la presse 90% de journaleux assez malhonnête pour prétendre écrire une critique sans parler du disque lui-même. Étrangement, ces critiques sont toutes négatives. Elles se basent généralement sur le plan promo de la maison de disque (Interscope, puis tout en haut, Universal), sur ses fringues, sur ses propos en interview et, comble du crétinisme, sur… ses anciens albums! Un journaliste (sur un site dont j’ai oublié le nom, mais il y avait « street » dedans, il me semble) écrit même dans son titre « Pourquoi je n’écouterai pas le dernier Lady Gaga » avant de déclarer – sans avoir peur du ridicule – que le disque en question, de toute manière, est sans intérêt. Fascinant.
Les 10% restant parlent (un peu) de musique. 95% de ces critiques choisissent la désormais archi-rabattue comparaison entre Lady Gaga et une multitude d’Artistes plus on moins blondes (et d’ailleurs : plus ou moins artistes), et démontrent par ce biais leur manque total de culture (comparer Lady Gaga et Mylène Farmer, par exemple, c’est un peu comme comparer Amélie Nothomb et Marc Levy : c’est facile pour qui ne sait pas lire), et parlent de plagiat sans savoir ce que ce mot veut dire (voir l’article Plagiat, le nouveau hochet des sourds ). En plus de démontrer l’absence d’une véritable critique musicale (éclairée, cultivée, basée sur une écoute objective et sans a priori, et non sur une simple écoute distraite pendant qu’on fait la cuisine ou pire : le ménage), cela démontre le manque de culture criant de ceux qui s’érigent en connaisseurs sans rien savoir de la musique, le résultat ne peut ainsi être qu’une critique basée sur l’affect, les a priori, tout ce qui entoure le disque et non sur le disque lui-même.
Alors pour changer, parlons musique. Car ce que j’affirme, c’est que dès la première écoute, on a affaire à une révolution musicale dans le monde de la pop. Mais pas seulement. Tout le disque est une sorte de coup de grâce donné au XXe siècle. Lady Gaga, avec Born This Way, achève le siècle précédent et donne des pistes pour le futur. Avec 17 titres et plus d’une heure de musique, le format de l’album pop traditionnel vole en éclat. Il en est de même pour le format radio, la majorité des pistes durant de quatre à six minutes (9 minutes pour un remix en bonus). Le schéma même de la chanson pop est bouleversé : refrains parfois effacés, nombreux breaks et nombreux changements de rythme.
Sur la musique en elle-même, Lady Gaga se moque des modes et des stéréotypes. Mélangeant métal, rock, jazz, musique latine, techno, disco, pop, classique et même dark electro, sans mauvais goût mais avec force, elle réussi la prouesse de faire naitre de tout cela une unité cohérente et surtout à l’image du titre: libre. Ce mélange n’est pas un collage de plusieurs styles de musiques, mais de véritables passerelles trouvées par Gaga entre ces genres parfois très différents. Les exemples les plus frappants sont « Government Hooker » (chants religieux, techno et même dark-electro) et « Americano » (jazz, jazz latin et un final très « Kurt Weill Style »). Il faudrait aussi citer un véritable chef-d’oeuvre de ce genre : « Bloody Mary ». Ouverture en pizzicato, chants religieux, voix grave et torturé, toile électronique glaciale et ligne de basse assez formidable, en font un des morceaux les plus audacieux de l’album.
La subversion musicale ne s’arrête pas là. Judas et son Métal-electro trash révèle une autre facette de ce disque : la voix de Gaga. La chanteuse l’utilise et la tord comme un véritable instrument (et non comme un simple accessoire comme c’est souvent le cas dans ce genre de musique), raclée, torturée, parfois hurlée, elle fait de sa voix un véritable laboratoire d’expérimentation, s’approchant parfois de genres musicaux inattendus (Jusque, parfois, à ressembler à Marilyn Manson ou Sopor Aeternus).
Tout cela forme un véritable chaos jouissif de mélodies aux influences diverses, mais révèlent surtout un talent de composition exceptionnel. s’éloignant toujours plus des clichés pop installés bien profondément dans les médias et la tête des gens, Lady Gaga prend le risque de la véritable création, imprévisible, instable, et surtout dangereuse.
Quand les mots frappent
L’album n’est pas seulement d’une excellente teneur musicale. Les textes de l’albums sont indispensables. Pour continuer dans la comparaison, il est rare dans le monde de la pop que le texte soit aussi important, et surtout ait une place au coeur même de la musique. Les sonorités des mots sont utilisées comme un instrument de plus au service de la musique. Il y a bien sûr les exemples « Government Hooker » (le « hooker hurlé le long du morceau), « Americano », ou encore « Black Jesus + Amen Fashion ». Mais le titre le plus frappant dans l’expérimentation sonore et textuelle est sans aucun doute « Scheiße ».
Dans la plupart des critiques de l’album, s’ils ne parlent pas du disque lui-même, ils font de légères allusions à certains titres, et à celui-là en particulier (pas besoin d’écouter l’album, puisque ce titre n’est autre que la bande son du défilé prêt à porter féminin Mugler Automne-Hiver 2011-2012), en affirmant la sottise suivante « un titre en allemand« . Que nenni, bande d’abrutis! Si le titre est bien allemand, en effet (« merde », en français), le semblant d’allemand dans le texte est du faux allemand, inventé par une Lady Gaga au service du combat féministe. Elle dit exactement au début « Je ne sais pas parler Allemand, mais je peux essayer si vous voulez« , avant de baragouiner une suite interminable de mots sans aucun sens (et surtout qui n’existent pas): « Ich schleiban austa be clair / Es kumpent madre monstère / Aus-be aus-can-be flaugen / Begun be üske but-bair / Ich schleiban austa be clair / Es kumpent uske monstère / Aus-be aus-can-be flaugen / Fräulein uske-be clair. » Le rythme donné par ce couplet lance le morceau, et les mots en sont la principale trame musicale. Mais c’est en effet avec les paroles que cela prend tout son sens. Ce morceau féministe dit que quand on veut lui faire croire qu’une femme n’est pas assez forte, qu’elle n’est pas capable, que c’est un être faible et qu’elle ne sait pas décider par elle-même, elle n’entend qu’un blabla incompréhensible qu’elle résume par ce mot : « Scheiße ».
Autre titre porteur d’un texte fort, « Bloody Mary » est sombre. Si les quelques journalistes ont trouvés le refrain un peu bête, c’est qu’ils ont oublié de suivre les couplets. En effet, le refrain (« I’ll dance, dance, dance / With my hands, hands, hands / Above my head, head, head / Like Jesus, said » littéralement : « je danse, danse, danse / Avec mes mains, mains, mains / Au dessus de la tête, tête, tête« ) est un peu dénué de sens pour qui n’a pas lu le premier couplet : « Love is just a history that they may prove / And when you’re gone I’ll tell them my religion’s you / When Pontius comes to kill the king upon his throne / I’m ready for their stones. » (« L’amour n’est qu’une histoire qu’ils prouveront peut être / Et lorsque tu seras parti, je leur dirai que tu es ma religion / Lorsque Ponce Pilate viendra pour tuer le roi sur son trône / Je serai prête pour leurs pierres« ). Oui, quand elle danse les mains au dessus de la tête, elle se fait lyncher. Cette image fait partie de ces sortes de fulgurances artistiques qui composent l’imaginaire de Gaga. Pour prouver son talent de plume, je vous propose de lire un dernier couplet: « We are not just art for Michaelangelo / To carve / He can’t rewrite the agro of my furied / Heart / I’ll wait On mountain tops in Paris cold / Je ne veux pas mourir toute seule » (« Nous ne sommes pas que de l’art à sculpter pour Michel-Ange / Il ne peut pas ré-écrire la violence de mon coeur en furie / J’attendrai en haut d’une colline dans le froid de Paris / Je ne veux pas mourir toute seule« )
Subversion et performance
On le sait, ce qui est très important chez Lady Gaga, c’est les performances et la scène. L’image. La Pop culture a toujours été de l’Art Total, s’affranchissant des chaînes et défonçant les frontières des genres. Lady Gaga a toujours avoué penser à l’image quand elle écrivait et composait. C’est en effet par les clips et les performances que l’oeuvre de Gaga prend tout son sens. Parlons alors de la première performance de « Born This Way », aux Grammy Awards.
Cette performance a, pour beaucoup de gens, changé la perceptions qu’ils avaient de la chanson en elle-même. Très dépouillée, décor absent (si l’on excepte le gigantesque orgue dans l’ombre), elle donne sens à la chanson. Elle parle de renaissance, d’une race nouvelle de monstre, le tout en accord avec le clip qui la montre en Alien. La chorégraphie, très « primale », a été taxée à tord de « simpliste », mais inaugurait une nouvelle gestuelle, pour une nouvelle naissance et une nouvelle race. C’est tout simplement la création d’une nouvelle humanité qu’elle a mis en scène dans une performance plus proche de l’Art Contemporain que de la stratégie marketing.
Les performances les plus célèbres de Lady Gaga sont aussi les plus sobre. Musicienne, elle s’adonne souvent au piano-voix, montrant par ce biais qu’elle est d’abord musicienne. Souvent dépouillées, ces performances peuvent parfois s’allier avec des images fortes. C’est ainsi avec l’illusion d’un crâne complètement rasé qu’elle joue « Hair » au « Paul O’Grady Show ». Cette image audacieuse et cohérente avec la chanson n’est pas le moins du monde une pure stratégie marketing. Artiste subversive, elle remet sans cesse en cause les canons de la beauté, de l’esthétique, et de la mode. L’image n’est pas un moule, mais l’instrument de sa propre volonté. Elle EST son image. Ainsi elle change selon son caractère.
Il est bien compréhensible que les journalistes aient réduis tout cela au mot magique de « stratégie marketing ». C’est plus facile à comprendre, et quand on a quinze critique à pondre en une journée, il faut bien allez au plus vite. Seulement c’est tellement plus cohérent de l’expliquer autrement, qu’ils devraient tout de même prendre le temps.
Les deux autres clips de l’albums sont tout aussi réfléchis. « Judas » est la réécriture pop de l’histoire de Marie-Madeleine, tiraillée entre la vertu de Jésus, et la transgression de Judas. Première réalisation de Gaga (accompagnée par sa chorégraphe, Laurieann Gibson), le clip a fait scandale avant même qu’il soit terminé. Le tabou religieux n’étant pas encore levé aux Etats-Unis, considérée comme trop subversive, « Judas » n’a pas rencontré le succès escompté. Chorégraphie presque martiale, déluge de couleur, minutie des décors, le clip est pourtant un petit bijoux de la Pop Culture.
Mais le clip le plus étonnant (et le plus émouvant) est sans doute celui de « The Edge Of Glory ». Sobre et dépouillé, il est pourtant un des plus beau clip jamais tourné. C’est pourtant un projet de dernière minute. Prévu pour être réalisé par Joseph Kahn, Gaga change d’avis au dernier moment et vire tout le monde (réalisateur et danseurs), pour réaliser le clip seule. Il est amusant de voir que ceux qui critiquaient avec virulence la supposée « surenchère » d’effets dans les clips de Gaga sont les mêmes qui se moquent de ce « clip à deux euros » (n’hésitant pas, par la même occasion, à sortir une crétinerie plus grosse qu’eux, en posant comme évidence que la qualité de l’art est dû à son coût élevé). Un évènement va pourtant faire sonner le clip comme un émouvant hommage, en effet, le 18 juin 2011, le saxophoniste Clarence Clemons disparaissait, et « The Edge of Glory » sera sa toute dernière apparition, fantomatique et magistral.
Un disque Apocalyptique
Born This Way sonne le glas d’une époque. Décapant les formats, les thèmes et tous les clichés de la Pop Culture, elle se forge un monde sur une maxime d’Andy Warhol « L’art, c’est donner aux gens ce dont ils n’ont pas besoin« , ce à quoi elle répond « Les gens n’ont pas besoin de mensonge, je leur donne donc du mensonge« . Véritable héritière d’Andy Warhol, cette Ovni culturel affole les médias comme le public. Elle fait peur, elle inquiète. Car sa vision de l’Art est assez floue. Pour elle, l’art est un laboratoire dans lequel on expérimente. On transcrit une émotion que l’on arrive pas bien à expliquer, on mélange, on voit ce que ça fait. On lance ça dans le public, et on attend de voir quelle sera la forme, quelle sera la couleur. Elle fait peur autant que l’imprévu parce que c’est le hasard de la création qui guide ses pas, et non un plan de carrière tracé pour elle par une armée de managers aux dents très longues. Le Pop Art selon Lady Gaga c’est une entité vivante, mouvante, possédant son propre moyen d’expression. Elle ne fait que transcrire cela.
C’est peut-être pour ça que la teneur de ce disque est assez apocalyptique, chaotique, toujours en mouvement. Des sons inconnus qui sortent d’une gorge de damnée, une trame électro glaciale, ou au contraire une balade enjouée (« Yöu and I »), l’imaginaire Gaga n’a pas vraiment de mots pour le décrire. D’autres ont écrits « brouillon », parce qu’ils avaient peurs. J’écrirai simplement : « Sublime ».
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